Episode de canicule du 7 au 13 juillet : publication de la première estimation de l’excès de mortalité toutes causes

Comme chaque année, les autorités sanitaires lancent entre le 1er juin et le 15 septembre, la surveillance active de l’exposition de la population française aux vagues de chaleur durant la saison estivale, en lien étroit avec Météo France. Un dispositif de prévention est également mis en place par le ministère de la Santé et de la Prévention et Santé publique France rappelant les bons réflexes pour protéger sa santé et prendre soin de son entourage en cas de fortes chaleur. 

Depuis cet été, et 15 jours après la fin de chaque épisode de canicule (délai nécessaire pour consolider environ 90% des remontées Insee), un point épidémiologique dédié inclut une première estimation de l’excès de mortalité toutes causes observé pendant un épisode de canicule.  Ces résultats donneront un premier ordre de grandeur de l’excès de mortalité toutes causes pendant l’épisode de canicule, qui sera consolidé par les estimations plus robustes du bilan de fin de période de surveillance estivale publié à l’automne. 

Trois questions à Robin Lagarrigue, chargé d’études scientifiques à la Direction santé environnement travail

Que veulent dire les chiffres publiés dans ce point épidémiologique ?

Santé publique France publie une première estimation de l’excès de « mortalité toutes causes » pour les départements concernés par le premier épisode de canicule de l’été 2023 qui s’est déroulé du 7 au 13 juillet 2023 et qui a concerné 21 départements dans 5 régions (Auvergne-Rhône-Alpes, Bourgogne-Franche-Comté, Corse, Grand-Est et Provence-Alpes-Côte d’Azur)¹. Cette première estimation, en l’occurrence les 80 décès en excès, a été obtenue en comparant la mortalité toutes causes observée pendant ce premier épisode de canicule avec une mortalité « toutes causes » de référence attendue, modélisée sur la même période (méthode Euromomo). 

Cet excès peut être attribué en grande partie à l’exposition de la population à la chaleur mais pas uniquement. C’est pour cela qu’en fin d’été, Santé publique France publiera un bilan consolidé de l’impact sanitaire des différentes canicules et plus globalement de l’exposition de la population Française hexagonale aux fortes chaleurs durant toute la période estivale 2023. Ce bilan présentera les décès attribuables à la chaleur, à l’aide d’une méthode statistique développée par Santé publique France. 

En parallèle, d’autres données sont centralisées concernant l’impact de la chaleur sur les travailleurs. En effet, la Direction générale du travail remonte à Santé publique France les fiches d’accidents du travail mortels portant la mention « en lien possible avec la chaleur ». Les accidents du travail mortels en lien possible avec la chaleur survenus dans les départements concernés par le premier épisode de canicule de l’été 2023 sont également mentionnés dans ce point épidémiologique. 

Ces accidents du travail proviennent d’une source différente des données de mortalité toutes causes en population générale, et les chiffres produits ne peuvent donc pas faire l’objet de comparaison. 

Ces sources de données sont complémentaires et viennent souligner l’impact de la chaleur sur la santé de la population générale et des travailleurs.

Quelles sont les particularités de cette canicule ?

Cet épisode a concerné les 5 régions de l’est de la France (Auvergne-Rhône-Alpes, Bourgogne-Franche-Comté, Corse, Grand Est et Provence-Alpes-Côte d’Azur), durant 3 à 6 jours. Ces régions ont connu fréquemment des épisodes de canicules et de fortes chaleurs les étés précédents.

Cet épisode a eu lieu après un mois de juin particulièrement chaud (2ème mois de juin le plus chaud observé depuis 1900, d’après Météo France). 

Ce premier épisode de l’été 2023 a été relativement court et les populations n’ont pas été exposées à des températures extrêmement intenses en journée. Même s’il est difficile de comparer les profils de canicules entre eux, cet épisode est différent de ceux que l’on a pu connaitre durant les étés 2020 et 2022, marqués par des canicules plus étendues géographiquement, intenses (vigilance rouge) et parfois précoces. 

Comment peut-on interpréter cette première estimation d’excès de mortalité relativement faible ?

Cette première estimation est plus faible que les excès de mortalité toutes causes observés les étés précédents. Il n’existe pas qu’une seule explication possible. Mais ce faible excès peut s’expliquer principalement par une durée, une intensité et une étendue de cet épisode moins importantes que d’autres épisodes caniculaires observées historiquement. D’autres hypothèses peuvent également être avancées, telles qu’une meilleure prise en compte du risque par les populations, une amélioration de la prise en charge médicale et des mesures de gestion et de prévention, sans que l’on soit en mesure de le démontrer et donc d’en mesurer la contribution.

Il faudra également mettre l’estimation produite pour cet épisode, en regard de l’estimation de la mortalité toutes causes pour l’ensemble du territoire et sur tout l’été ainsi que de l’estimation de mortalité directement attribuable aux températures, publiée dans le bilan à la fin de l’été.

La chaleur demeure plus que jamais un risque pour la santé dans un contexte de changement climatique, y compris en dehors des périodes de canicule, nécessitant la mise en place des mesures de gestion et de prévention pour diminuer l’impact de la chaleur sur les populations.

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