Alcool et « Bonne santé », une association paradoxale dénoncée dans la nouvelle campagne de Santé publique France

Avec la période des fêtes, le mois de janvier est souvent synonyme de célébrations accompagnées de consommations d’alcool, pour se souhaiter une bonne année et trinquer « à la santé » de ses proches et de sa famille. Pourtant, l’alcool n’a rien à voir avec la bonne santé.

Publié le 9 janvier 2023
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Chaque année 41 000 décès1 sont attribuables à l’alcool. Sa consommation, même à faible dose, multiplie les risques de cancers, d’accidents vasculaires cérébraux hémorragiques (AVC) et de troubles du rythme cardiaque, ce qui en fait une préoccupation majeure de santé publique. C’est la raison pour laquelle Santé publique France lance, en partenariat avec le Ministère de la santé et de la prévention, la campagne « La bonne santé n’a rien à voir avec l’alcool » qui invite à s’interroger sur le lien entre alcool et bonne santé, à changer de regard sur sa consommation d’alcool et, le cas échéant se faire aider via le dispositif d’aide et d’écoute Alcool Info Service.

Une consommation d’alcool très répandue en France

La France est l’un des pays les plus consommateurs d’alcool parmi les pays d’Europe occidentale2. Plusieurs études menées par Santé publique France auprès du grand public montrent que l’alcool est très associé au plaisir, à la convivialité entre famille et amis, à la fête3. Sa consommation est justifiée par ses vertus perçues en matière de socialisation, pour le plaisir du goût, et pour ses effets psychoactifs immédiats (ses propriétés désinhibantes, relaxantes, euphorisantes). Par ailleurs, l’alcool accompagne très souvent les événements marquants de la vie sociale: naissances, mariages, emménagements, pots de retraite, succès professionnels ou sportifs… Boire ou offrir de l’alcool est souvent perçu comme une règle de savoir-vivre4

Selon les données du Baromètre de Santé publique France, en 2017, 87% des personnes âgées de 18 à 75 ans déclaraient avoir bu de l’alcool au cours des douze derniers mois et 40% au moins une fois par semaine5

En 2020, parmi les 18-75 ans, 24% déclaraient une consommation qui dépasse les repères de consommation à moindre risque en 20206, à savoir maximum 2 verres par jour et pas tous les jours.

Pourtant, les consommateurs d’alcool mettent à distance les risques pour la santé, en particulier pour des consommations ponctuelles ou régulières à faible dose. Selon l’enquête EROPP 20187, seuls 11% des 18-75 ans pensent qu’une consommation occasionnelle peut être dangereuse pour la santé (79% pensent que la consommation d’alcool est dangereuse lorsqu’elle est quotidienne).

Quand la bonne santé n’a rien à voir avec l’alcool

Du 9 au 31 janvier 2023, Santé publique France diffuse la nouvelle campagne « La bonne santé n’a rien à voir avec l’alcool ». Elle a pour objectifs de débanaliser la consommation d’alcool en interpellant sur le caractère absurde de se souhaiter une « bonne santé » ou « santé » en trinquant avec des verres d’alcool, de prévenir et réduire les risques qui y sont associés et de proposer des outils d’aide via le dispositif d’aide à distance Alcool Info service.

Multi-support, la campagne est composée d’un film de 30 secondes, diffusé à la TV et au cinéma, également décliné en versions condensées de 10 et 20 secondes pour les réseaux sociaux et la VOL. Un spot radio, sur le principe du film vient compléter le dispositif. 

Le film montre une diversité de contextes où l’on trinque avec de l’alcool. Il met en scène une série d’instants de convivialité dans des scènes de vie quotidienne (réussite d’un diplôme, pot professionnel, dîner au restaurant…), ou liés aux vœux de la nouvelle année, pendant lesquelles des personnes trinquent en se souhaitant « bonne santé » ou « santé ».

Alors que les premières séquences prennent le temps de s’installer, les suivantes s’accélèrent, rythmées par le bruit des verres qui trinquent et par la répétition du mot « santé », créant un effet de saturation. Le spot s’achève avec le slogan de la campagne, « La bonne santé n’a rien à voir avec l’alcool », et rappelle les risques à long-terme associés à la consommation d’alcool, même pour des faibles consommations. 

L’objectif est de souligner le paradoxe de l’association alcool-bonne santé et de marquer les esprits.

L’ensemble des supports de cette campagne (vidéo, audio, digital) redirige vers le site alcool-info-service.fr pour inviter le public à se renseigner sur ses propres habitudes de consommation et à trouver des conseils pour réduire sa consommation d’alcool. 

Par ailleurs, Santé publique France mobilise ses nombreux partenaires (associatifs, hospitaliers, entreprises, collectivités, etc.) pour relayer les messages de la campagne auprès des consommateurs et de leur entourage. 

L’Agence porte en effet depuis plusieurs années une stratégie ambitieuse de réduction des risques liés à l’alcool qui se décline auprès de différents public-cibles. La nouvelle campagne « La bonne santé n’a rien à voir avec l’alcool » débute alors que le Dry January ou Défi de Janvier, porté par un collectif d’associations, vient de commencer. Cette initiative qui consiste à ne pas boire d’alcool pendant tout le mois de janvier a fait l’objet d’une évaluation par l’Agence en 2020 qui avait montré que c’était une opportunité intéressante pour maitriser sa consommation d’alcool. 

C’est donc l’opportunité de conjuguer messages et actions de prévention dans la poursuite d’objectifs communs : s’interroger sur sa consommation d’alcool et réduire les risques qui y sont associés. L’Agence réaffirme son engagement pour protéger la population des dommages de l’alcool sur la santé et encourage chacun à participer à ce défi.

Un dispositif d’aide à distance pour tous : Alcool Info Service 

Alcool info service est un dispositif national d’information, d’orientation et d’aide personnalisée, accessible à tous via internet www.alcool-info-service.fr ou par téléphone au 0 980 980 930, disponible 7jours/7 de 8h à 2h

Le site Alcool-info-service.fr met à la disposition du grand public de nombreuses informations, des conseils pour réduire sa consommation d’alcool et des outils, comme l’alcoomètre permettant d’évaluer sa consommation d’alcool. Des actualités sont publiées régulièrement sur différentes thématiques comme l’alcool et la grossesse, l’alcool chez les jeunes et les personnes âgées, ou encore le Défi de janvier ou « Dry January ».

Le site contribue à libérer la parole en encourageant les interactions et l’entraide grâce aux modules interactifs (le service de Questions-Réponses, les forum de discussion, l’espace témoignages, etc.) et aux Chats individuels (espace de dialogue en temps réel entre l’internaute et un professionnel). 

Par ailleurs, le site Alcool Info Service recense l’ensemble des structures spécialisées en addictologie au sein d’un annuaire national de plus de 3 000 structures. Cet annuaire permet d’assurer une orientation au plus proche du domicile de la personne concernée. Le site dispose également d’un espace réservé aux jeunes et un autre destiné aux professionnels de santé.

1- Santé publique France - La mortalité attribuable à l’alcool en France en 2015  Bulletin épidémiologique hebdomadaire 
2- OCDE : https://data.oecd.org/fr/healthrisk/consommation-d-alcool.htm
3- G. Quatremère, J. Shah, V. Nguyen-Thanh. Évaluation qualitative du Défi de Janvier – Dry January 2020. Logiques d’engagement et expériences des participants. Alcoologie et Addictologie. 2021 ; 
4- Marques et al. Pourquoi les Français consomment-ils de l’alcool ? La santé en action. Juin 2020
5- Richard J-B, Andler R, Cogordan C, Spilka S, Nguyen-Thanh V. La consommation d’alcool chez les adultes en France en 2017. Bulletin épidémiologique hebdomadaire. 
6- Baromètre 2020 (Andler 2021).
7- Spilka S, Le Nézet O, Janssen E, Brissot A, Philippon A, Chyderiotis S, Drogues : perceptions des produits, des politiques publiques et des usagers. Tendances. Avril 2019

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