Indicateur clé pour l'observation et la surveillance épidémiologique des cancers avec l'incidence, la mortalité et la prévalence, la survie est essentielle pour évaluer le système de santé dans sa globalité et mesurer l'impact des politiques publiques en matière de prévention, de dépistage, et de soins. Il s'agit de la première étude de survie réalisée à partir des données des registres pour la Martinique et La Réunion. Ces résultats présentés dans des publications distinctes pour chaque département, proposent des estimations de la survie à 1 et 5 ans après le diagnostic de cancer pour dix localisations cancéreuses et comparent ces estimations à celles réalisées dans l'Hexagone publiées entre septembre 2020 et juillet 2021. Les éléments essentiels de la méthode utilisée font l'objet d'un document distinct. Le choix a été fait de commenter les résultats pour chaque localisation puis de donner des éléments de comparaison avec l'Hexagone pour mieux comprendre les spécificités rencontrées sur le territoire. Comme aux Antilles ou en Guyane, l'incidence des cancers à La Réunion est globalement inférieure à celle décrite en France hexagonale. Cependant, certaines localisations sont surreprésentées par rapport à ce qui est observé en France hexagonale. En effet, les taux d'incidence standardisés sur l'âge des cancers de l'estomac chez les hommes et les femmes, de l'oesophage chez les hommes et du col de l'utérus chez les femmes sont significativement supérieurs à ceux de la France hexagonale. Pour les 10 localisations étudiées, la survie nette standardisée (SNS) des cancers à La Réunion est globalement inférieure à celle observée en France hexagonale, mais les différences observées varient de manière significative en fonction de la localisation tumorale. Ainsi, les différences de SNS à 5 ans sont les plus fortes pour les cancers de l'ensemble lèvre-bouche-pharynx (37 % à La Réunion vs 45 % en France hexagonale), du côlon et du rectum (57 % vs 63 %), du sein (81 % vs 88 %), de la prostate (85 % vs 93 %), pour les myélomes multiples/plasmocytomes (52 % vs 60 %) et le cancer du corps de l'utérus (67 % vs 74 %). Elles sont moins marquées pour les cancers de l'oesophage (13 % vs 17 %), de l'estomac (25 % vs 30 %) et du poumon (17 % vs 20 %). Enfin, la survie est similaire pour le cancer du col de l'utérus (62 % vs 63 %). Ces différences sont souvent attribuables, au moins en partie, à des taux de mortalité en excès plus importants à La Réunion qu'en France hexagonale au moment du diagnostic et dans les premiers mois suivant le diagnostic, notamment pour les personnes les plus âgées. De nombreux facteurs peuvent expliquer ces résultats, tels des diagnostics réalisés à des stades plus avancés, des difficultés de prise en charge de certains cancers liées à l'âge et/ou aux comorbidités, des tumeurs aux caractéristiques histopathologiques plus défavorables, etc. Des études spécifiques par localisation sont nécessaires pour explorer les différents déterminants de la survie des personnes atteintes de cancer à La Réunion, notamment au regard des caractéristiques socio-économiques des patients, de nombreuses études ayant déjà montré un lien entre statut socio-économique et survie des personnes atteintes de cancer.
Auteur : Chirpaz Emmanuel, Joachim Clarisse, Deloumeaux Jacqueline, Imounga Desroziers Laure Manuella, Malcher Marie-France, Maillot Stéphanie, Omarjee Malika, Pierre Karine, Saint-Lambert Miguel, de Brauer Camille, Lecoffre Camille, Coureau Gaëlle, Mounier Morgane, Trétarre Brigitte, Dantony Emmanuelle, Uhry Zoé, Monnereau Alain, Laurent Remontet, Florence Molinié
Année de publication
: 2024
Pages : 45 p.
Collection : Données de surveillance