Ces données ont pu également compléter les informations recueillies par l’enquête de santé et de qualité de vie, menée un an après l’incendie. Les résultats ne montrent pas de différence dans l’évolution de délivrance ou d’instauration de traitement par médicaments psychotropes après le 26 septembre 2019 entre la zone exposée à l’incendie et les zones non exposées ou selon le type d’exposition déclarée. Ces travaux sont une nouvelle étape dans le cadre du dispositif « Santé Post Incendie 76 » qui se poursuit et dont l’objectif est d’évaluer les conséquences sanitaires de l’accident industriel survenu à Rouen en septembre 2019.
Santé post-incendie 76. Surveillance épidémiologique à la suite de l’incendie industriel survenu à Rouen en 2019 : étude des délivrance...
En savoir plusUne analyse complémentaire de l’impact déclaré de l’accident sur la santé mentale
En 2020, dans le cadre de l’enquête de santé et de qualité de vie, "Une étude à l'écoute de votre santé", un questionnaire complémentaire sur la santé mentale avait mis en évidence, un an après l’incendie, une altération de la santé mentale (trouble de stress post-traumatique, anxiété généralisée et dépression) de la population vivant dans la zone exposée . A la suite de ces travaux, Santé publique France a mis en œuvre une surveillance épidémiologique de la santé de population habitant dans la zone à partir des données de remboursements de soins dans le SNDS et a réalisé une analyse complémentaire des données de l’enquête de santé et de qualité de vie croisées avec les données du SNDS. Les objectifs de ces travaux étaient de décrire l’évolution temporelle des délivrances de psychotropes au sein de la zone exposée à l’incendie et de comparer cette évolution à une période avant l’incendie et à celle d’une ou deux zones non exposées. L’analyse complémentaire de l’enquête a permis de les comparer selon le type d’exposition et le type de symptôme déclarés lors de l’enquête de santé.
La période d’étude de la surveillance couvre une période allant de trois ans avant l’incendie jusqu’à janvier 2022.
Une surveillance inédite grâce au Système national des données de santé (SNDS)
Le SNDS est une base de données médico-administratives. Il permet d’observer l’état de santé de l’ensemble de la population française, à partir de la consommation de soins (remboursements de médicaments, hospitalisations, consultations…). Toutes ces données sont enregistrées en continu et stockées dans la base du SNDS. Cette source de données est exhaustive, au sens où elle couvre tout le territoire et compile toutes les consommations de soins, quelle que soit la pathologie.
L’ensemble des informations recueillies dans le cadre de l’étude a été analysé de façon anonyme, dans le respect des règles fixées par le RGPD (Règlement général sur la protection des données) et sous le contrôle de la Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil).
Pour en savoir plus : Guide d’utilisation du système national des données
Les délivrances de psychotropes n’ont pas augmenté
Bien que les résultats de l’enquête de santé et de qualité de vie avaient montré une altération de la santé mentale de la population vivant dans la zone exposée à l’incendie, cela ne semble pas s’être traduit par une évolution plus importante des délivrances de traitement par psychotropes après le 26 septembre 2019 entre la zone exposée à l’incendie et les zones non exposées.
La prise en charge de ce type de troubles de la santé mentale repose sur une prise en charge psychologique, psychiatrique, complétée dans certain cas par un traitement par psychotropes. L’objectif était donc de pouvoir identifier d’éventuels signaux montrant une augmentation de la prescription de traitement à base de psychotropes dans les zones exposées à l’incendie.
Le complément de l’enquête a pu prendre en compte d’autres facteurs (réponses aux questionnaires, expositions déclarées, facteurs individuels comme l’âge et le sexe par exemple) et analyser plus précisément la zone de proximité. Les résultats n’ont montré aucune différence entre la période avant et après l’incendie, y compris parmi les personnes résidant à proximité (chez les répondants et non répondants), et quels que soient l’exposition ou les symptômes ressentis (chez les répondants uniquement).
Un dispositif complet pour décrire l’état de santé de l’ensemble des personnes exposées
« Santé Post Incendie 76 » comprend un ensemble d’études épidémiologiques pour évaluer l’impact sanitaire de cet accident industriel chez les travailleurs et en population générale. Parmi cette dernière population, en plus de la surveillance à court terme lors du premier mois, l’Agence a mené en 2020 "Une étude à l'écoute de votre santé" qui interrogeait les habitants sur leur santé, l'information et la connaissance des recommandations, ainsi que sur la qualité de vie chez les personnes vivant dans la zone d’étude potentiellement exposée à l’incendie.
Un volet complémentaire de cette étude visait à évaluer auprès des habitants exposés l’impact de l’incendie sur leur santé mentale (trouble de stress post-traumatique, anxiété généralisée et dépression).
Santé publique France met également en place depuis mai 2023, un suivi épidémiologique concernant la santé des travailleurs sur la base des données du système national des données de santé (SNDS). La constitution de la liste des travailleurs concernés est en cours. Ce suivi fait suite aux travaux déjà réalisés par le groupe d’alerte en santé travail Normandie et permettra à moyen et long terme d’identifier si des évènements de santé spécifiques surviennent dans cette population.
Le dispositif SPI76 comprend également la surveillance, pendant plusieurs années, d’indicateurs de santé pour la population générale, tels que la fréquence de pathologie respiratoire cardio-vasculaire, d’indicateur de santé mentale, de certains cancers, ou sur les issues de grossesse. Cette surveillance épidémiologique concerne les 350 000 habitants des 119 communes de la zone d’étude et est réalisée à partir des informations disponibles dans le SNDS.