Les maladies cardiovasculaires en France : un impact majeur et des inégalités persistantes

Santé publique France publie dans un BEH Hors-Série l’actualisation des indicateurs de surveillance de la santé cardiovasculaire et dresse une photographie complète des maladies cardio-neurovasculaires et de leurs facteurs de risque en France en 2022. Deuxième cause de mortalité avec 140000 décès, ces pathologies sont responsables de plus d'un million d'hospitalisations chez les adultes chaque année. Elles représentent un poids considérable sur la santé publique et le système de soins, marqué par de fortes inégalités sociales et territoriales. Ces résultats soulignent la nécessité d'améliorer la prise en charge et de renforcer la prévention pour réduire efficacement les facteurs de risque associés.

Mis à jour le 4 mars 2025

Une ampleur préoccupante des maladies cardio-neuro-vasculaires

En 2022, les maladies cardio-neuro-vasculaires ont entraîné 1,2 million d'hospitalisations et 140 000 décès chez les adultes, soit plus d’un décès sur cinq.

Parmi les pathologies ayant le plus fort impact en 2022 chez l’adulte :

  • Les cardiopathies ischémiques avec plus de 240 000 patients hospitalisés et 31 000 décès.
  • L’insuffisance cardiaque avec plus de 180 000 patients hospitalisés et 25 000 décès.
  • Les accidents vasculaires cérébraux avec plus de 120 000 patients hospitalisés et plus de 30 000 décès. Ils constituent par ailleurs, la première cause de mortalité cardio-neuro-vasculaire chez la femme avec 18 000 décès par an.

Malgré l'existence de traitements efficaces, la prise en charge reste insuffisante avec des taux encore trop bas de patients bénéficiant d’une réadaptation cardiaque ou de traitements de prévention secondaire au long cours.

Les autres maladies cardio-neuro-vasculaires, comme la maladie veineuse thromboembolique ou l’artériopathie oblitérante des membres inférieurs, représentent également un lourd fardeau, dont une partie est évitable grâce à la prévention.

Tous ces indicateurs de santé cardiovasculaire seront accessibles prochainement en open data.

Des inégalités sociales et territoriales marquées

Les résultats présentés font état de fortes disparités selon le niveau socio-économique et le territoire :

  • L’incidence des hospitalisations pour maladies cardio-neuro-vasculaires est 30% plus élevée dans les communes défavorisées et la différence atteint 60% pour l’insuffisance cardiaque et l’artériopathie oblitérante des membres inférieurs (AOMI).
  • Seuls 11% de la population présentent une santé cardiovasculaire idéale, avec d’importants écarts liés au niveau d'éducation : 4% des personnes n'ayant pas le bac contre 21% chez celles ayant un niveau d'éducation supérieur1
  • Des inégalités territoriales sont également observées, notamment dans la prise en charge. Ces inégalités sont liées à une répartition hétérogène des facteurs de risque sur le territoire mais aussi, en partie, au nombre de lit de structures spécialisées comme les unités neurovasculaires ou la réhabilitation cardiaque.

Par ailleurs, l'écart entre les hommes et les femmes en termes de facteurs de risque cardiovasculaires tend à se réduire, mais cela s’explique par une dégradation de la situation chez les femmes, qui adoptent de plus en plus des comportements défavorables à leur santé.

Des facteurs de risque comportementaux et métaboliques : un enjeu de prévention

Ces travaux importants confirment le fardeau majeur des maladies cardio-neuro-vasculaires pour la santé publique. Je retiens deux points : les inégalités toujours importantes et une dégradation préoccupante de la santé de la femme. Ce fardeau n’est pas une fatalité, la prévention doit être au coeur de nos actions pour vieillir en meilleure santé. Adopter des comportements plus favorables à la santé, diagnostiquer précocement, prendre en charge les facteurs de risque modifiables, ainsi que prévenir les complications sont autant d’actions essentielles pour réduire l’impact de ces maladies largement évitables.
Dr Caroline Semaille, Directrice générale de Santé publique France

Les maladies cardio-neuro-vasculaires ont une origine multifactorielle, avec des facteurs de risque comportementaux. En effet, près d’un quart des adultes fument encore quotidiennement2, présentent des niveaux de sédentarité et d’inactivité physique élevés3, et trois hommes et plus d’une femme sur 10 ont une consommation d’alcool dépassant les repères à moindre risque4. Près de la moitié des femmes et un tiers des hommes n’atteignent pas les niveaux recommandés d’activité physique. S’agissant des recommandations alimentaires, plus de 70% des adultes ne consomment pas assez de fruits et légumes et plus de 80% avaient une alimentation trop salée.

En dehors des facteurs de risque comportementaux, les facteurs de risque métaboliques occupent une place prépondérante dans la survenue des maladies cardiovasculaires. Près de 31% des adultes souffrent d’hypertension artérielle, 23% d’hypercholestérolémie LDL, 17% d’obésité et 7% de diabète, sans diminution visible de ces prévalences ces dernières années, voire même en augmentation pour certaines. L’insuffisance de diagnostic et de prise en charge de ces facteurs de risque métaboliques est alarmante : 45% des hypertendus et 23% des personnes atteintes d’un diabète de type 2 ignorent leur condition, ce qui retarde les interventions préventives et la prise en charge adaptée.

A télécharger

Bulletin épidémiologique hebdomadaire, 4 mars 2025, n°HS Épidémiologie des maladies cardiovasculaires en France

En savoir plus

Un engagement fort pour la prévention des maladies cardio-neuro-vasculaires

Santé publique France poursuit ses efforts pour réduire les facteurs de risque associés aux maladies cardio-neuro-vasculaires, en agissant sur différents déterminants de santé avec un triple objectif : informer, accompagner et inciter à l’adoption de comportements favorables à la santé.

Tabac : aider tous les fumeurs, en particulier les plus défavorisés

Parce que le tabac reste un enjeu majeur de santé publique, une nouvelle campagne de prévention, lancée en février 2025, cible spécifiquement les fumeurs issus de milieux socio-économiques défavorisés. Chaque année, l’opération Mois sans tabac mobilise des milliers de participants en leur offrant un accompagnement sur mesure pour maximiser leurs chances d’arrêt. Pour un soutien tout au long de l’année, Santé publique France met à disposition une gamme d’outils : le site tabac-info-service.fr, le numéro d’aide 39 89 et une application d’e-coaching dédiée, portée par l’Assurance maladie.

Alcool : informer et accompagner les consommateurs, et leur entourage

L’accès à une information claire et accessible est essentiel pour prévenir les risques liés à la consommation d’alcool. Le site Alcool Info Service apporte des ressources enrichies pour mieux accompagner chacun dans sa démarche. La campagne de promotion de ce dispositif sera rediffusée en 2025. De plus, la campagne "C’est la base", lancée en 2023, continue d’inciter les jeunes adultes à réduire leurs consommations en contexte festif, et réduire les risques associés.

Nutrition et activité physique : des actions pour tous, dès le plus jeune âge

Promouvoir une alimentation saine et une activité physique régulière est au cœur des actions de Santé publique France, notamment dans le cadre du Programme National Nutrition Santé (PNNS). L’accent est mis sur la lutte contre l’exposition au marketing de produits de faible qualité nutritionnelle, et la promotion du Nutri-Score, un outil clé pour éclairer les choix des consommateurs au moment de l’achat des produits alimentaires et pour encourager les acteurs industriels à reformuler leurs recettes pour améliorer leur qualité nutritionnelle. Le site MangerBouger.fr reste une référence, offrant conseils, des menus équilibrés pour la semaine grâce à la Fabrique à menus et des idées d’activités physiques adaptées à tous.

1 Selon l’échelle Life simple 7 de l’American Heart Association prenant en compte au même niveau les facteurs de risque comportementaux et métaboliques

2 Pasquereau A, Guignard R, Andler R, Le Nézet O, Spilka S, Obradovic I, et al. Prévalence du tabagisme en France hexagonale en 2023 parmi les 18-75 ans, résultats de l’édition 2023 de l’enquête EROPP de l’OFDT. Le point sur, novembre 2024. Saint-Maurice: Santé publique France; 2024. 7 p. 

3 Verdot C, Salanave B, Escalon H, Deschamps V. Prévalences nationales et régionales de l’activité physique et de la sédentarité des adultes en France : résultats du Baromètre de Santé publique France 2021. Bull Épidémiol Hebd. 2024;(12):240-9. 

4 Semaille C. Éditorial. Prévention alcool : de la science à l’action, Santé publique France, une agence pleinement engagée. Bull Épidémiol Hebd. 2024;(9):176-7. 
Andler R, Quatremère G, Gautier A, Nguyen-Thanh V, Beck F. Consommation d’alcool : part d’adultes dépassant les repères de consommation à moindre risque à partir des données du Baromètre de Santé publique France 2021. Bull Épidémiol Hebd. 2023;(11):178-86. 

a lire aussi

Communiqué de presse

Télécharger(pdf - 241.77 Ko)