Gonococcie
Gonococcie

En augmentation, et plus fréquente chez les 50 ans et plus entre 2021 et 2023, la gonococcie est une infection sexuellement transmissible due au gonocoque. Cette pathologie peut avoir de lourdes conséquences.

Mis à jour le 28 novembre 2024

Gonococcie : données

Activité de dépistage

Dépistages remboursés en secteur privé et public (SNDS)

En 2023, 3,3 millions de personnes ont été dépistées au moins une fois pour une recherche de gonococcie, soit un taux national de dépistage de 48 pour 1 000 habitants (Figure 1). 

Les trois-quarts des personnes dépistées étaient des femmes, avec un taux de dépistage près de trois fois plus élevé chez celles-ci (68 pour 1 000) que chez les hommes (26 pour 1 000). Du fait de l’utilisation d’une PCR multiplex permettant de dépister conjointement une infection à gonocoque et une infection à Ct, le taux de dépistage était encore plus important chez les femmes de 15-25 ans (150 pour 1 000), chez lesquelles il est recommandé un dépistage systématique des infections à Ct. Mais depuis 2019, ce taux de dépistage est très proche de celui chez les femmes de 26-49 ans (145 pour 1 000).

Entre 2017 et 2023, le taux de personnes dépistées au moins une fois dans l’année pour une gonococcie a doublé (respectivement 24 pour 1 000 vs 48 pour 1 000), de façon plus marquée chez les hommes que chez les femmes. Sur les trois dernières années (2021-2023), le taux de dépistage des gonococcies a augmenté de 20% (28% chez les hommes et 18% chez les femmes), de façon plus importante chez les femmes de 50 ans et plus (+36%) que chez celles de 26-49 ans (+17%) ou de 15-25 ans (+14%).

Figure 1 - Taux de dépistage des infections à gonocoque par sexe et classe d’âge (personnes dépistées au moins une fois dans l'année pour 1 000 habitants), France, 2014-2023
Figure 1 - Taux de dépistage des infections à gonocoque par sexe et classe d’âge (personnes dépistées au moins une fois dans l'année pour 1 000 habitants), France, 2014-2023

Comme pour le dépistage de l’infection à Ct, c’est en Guyane que le taux de dépistage des gonococcies était le plus élevé (107 pour 1 000 habitants), suivi par les autres DROM à l’exception de Mayotte (Guadeloupe : 91 pour 1 000, Martinique : 90 et Réunion : 83), puis de l’Ile-de-France et du sud de la France (régions PACA et Occitanie) (Figure 2).

Figure 2 - Taux de dépistage des infections à gonocoque par région de domicile (personnes dépistées au moins une fois dans l'année pour 1 000 habitants), France, 2023
Taux de dépistage des infections à gonocoque par région de domicile (personnes dépistées au moins une fois dans l'année pour 1 000 habitants), France, 2023
Source : SNDS, exploitation Santé publique France, 2024

Dépistages en Centre gratuit d’information, de dépistage et de diagnostic (CeGIDD)

En complément des dépistages remboursés par l’Assurance maladie, environ 235 000 dépistages gratuits d’infection à gonocoque ont été déclarés par les CeGIDD pour l’année 2023, dans le cadre de la surveillance SurCeGIDD. Ces dépistages ont concerné 63,6% d’hommes cis, 36,0% de femmes cis et 0,4% de personnes trans.

Evolution du nombre de cas, taux d'incidence et taux de positivité

Infections diagnostiquées en secteur privé et traitées (SNDS)

Le nombre de personnes diagnostiquées pour une infection à gonocoque au moins une fois dans l’année en secteur privé a régulièrement augmenté depuis 2014. En 2023, le nombre de personnes diagnostiquées a été estimé à environ 23 000, soit une augmentation de 55% par rapport à 2021. Cette augmentation est observée chez les hommes (+59%) et les femmes (+46%), notamment dans la classe d’âge des 50 ans et plus (respectivement +82% et +75%).

Le taux d’incidence des cas diagnostiqués avec une infection à gonocoque en 2023 (personnes diagnostiquées au moins une fois dans l’année) était de 34 pour 100 000, plus élevé chez les hommes que chez les femmes (49 vs 19). Comme les années précédentes, le taux d’incidence était beaucoup plus important chez les hommes de 26-49 ans (110 pour 100 000) (Figure 3). Parmi les femmes, celles de 15-25 ans présentaient le taux d’incidence le plus élevé (69 pour 100 000).

Le taux d’incidence en 2023 était le plus élevé en Ile-de-France (71 pour 100 000) et dans les DROM à l’exception de Mayotte (entre 45 et 60) (Figure 4).

Figure 3 - Taux d’incidence des diagnostics d’infection à gonocoque en secteur privé par sexe et classe d’âge (personnes diagnostiquées au moins une fois dans l'année pour 100 000 habitants), France, 2014-2023
Taux d’incidence des diagnostics d’infection à gonocoque en secteur privé par sexe et classe d’âge (personnes diagnostiquées au moins une fois dans l'année pour 100 000 habitants), France, 2014-2023
Source : SNDS, exploitation Santé publique France, 2024
Figure 4 - Taux d’incidence des diagnostics d’infection à gonocoque en secteur privé par région de domicile (personnes diagnostiquées au moins une fois dans l'année pour 100 000 habitants), France, 2023
Taux d’incidence des diagnostics d’infection à gonocoque en secteur privé par région de domicile (personnes diagnostiquées au moins une fois dans l'année pour 100 000 habitants), France, 2023
Source SNDS, exploitation Santé publique France, 2024

Infections diagnostiquées en CeGIDD

Le nombre de gonococcies rapporté par les CeGIDD dans le cadre de la surveillance SurCeGIDD est d’environ 10 700 en 2023.

En 2023, ces diagnostics ont concerné 84,1% d’hommes cis, 15,1% de femmes cis et 0,7 % de personnes trans (Tableau). L’âge médian des personnes diagnostiquées pour cette IST était de 28 ans, mais plus jeune chez les femmes cis (22 ans). Parmi les personnes pour lesquelles l’information était disponible, 23% étaient nées à l’étranger. Les HSH représentaient 60,5% des cas, les hommes hétérosexuels 23%, les femmes hétérosexuelles 15% et les FSF 1,5%. La grande majorité des cas (88%) avaient eu au moins 2 partenaires sexuels au cours des 12 mois ayant précédé le diagnostic. Des signes cliniques d’IST étaient identifiés lors de la consultation dans un tiers des cas. 

Le taux de positivité des tests en CeGIDD, égal à 4,7% en 2023 (6,1% chez les hommes cis, 2,0% chez les femmes cis et 8,3% chez les personnes trans), a augmenté par rapport à 2021 (3,8%). Parmi les personnes dont les pratiques sexuelles étaient connues, le taux de positivité était particulièrement élevé chez les HSH (10,4%) par rapport aux hommes hétérosexuels (2,1%) ou aux femmes hétérosexuelles (1,7%). Par rapport à 2021, une augmentation de ces taux était notée chez les hommes et femmes cis, et quelles que soient les pratiques sexuelles (Figure 5).

Les taux de positivité les plus élevés étaient observés en Guyane et en Martinique (respectivement 7,2% et 6,3%), en Auvergne-Rhône Alpes et en Guadeloupe (5,8%) (Figure 6) (donnée non disponible pour Mayotte et les Hauts-de-France).

Figure 5 - Taux de positivité (%) des dépistages des infections à gonocoque en CeGIDD selon le genre des consultants et leur pratiques sexuelles, France, 2021-2023
Taux de positivité (%) des dépistages des infections à gonocoque en CeGIDD selon le genre des consultants et leur pratiques sexuelles, France, 2021-2023
Source : SurCEGIDD, Santé publique France, données au 31/12/2023
Figure 6 - Taux de positivité (%) des dépistages des infections à gonocoque en CeGIDD, par région des CeGIDD, France, 2023
Taux de positivité (%) des dépistages des infections à gonocoque en CeGIDD, par région des CeGIDD, France, 2023
Source : SurCeGIDD, Santé publique France, données au 31/12/2023

Tendances concernant la résistance du gonocoque

En 2023, les souches de gonocoque circulantes en France métropolitaine sont très sensibles au traitement de première intention, la ceftriaxone (0,2% de résistance en 2023). On observe une diminution de la résistance à l’azithromycine (7,1% en 2023 vs 11,6% en 2022) qui a été moins utilisée en 2023 suite aux recommandations de traitement des gonococcies en monothérapie par ceftriaxone. La résistance du gonocoque aux fluoroquinolones et à la tétracycline reste très élevée soit 70,9% et 90,5%, respectivement en 2023.  En novembre 2023, 4 souches XDR résistantes à la ceftriaxone et à l’azithromycine (haut niveau de résistance) ont fait l’objet d’une alerte du CNR des IST bactériennes. Elles sont décrites chez des patients hétérosexuels, sont toutes génotypiquement reliées au clone à succès FC428 prévalent en Asie, l’un de ces 4 cas est autochtone et décrit chez un patient n’ayant pas voyagé. 

Les résultats finaux de l’étude randomisée ANRS 174 DoxyVAC visant à évaluer l’utilisation de la doxycycline sur l’incidence des infections sexuellement transmissibles bactériennes rapportent que la doxycycline (doxyPEP) pris en post-exposition après le sexe a diminué de manière significative de 86%, 79% et 33% un premier cas d’infection à C. trachomatis (p<0,0001), T pallidum (p<0,001) et N. gonorrhoeae (p=0,003), respectivement. La vaccination par le vaccin ciblant le méningocoque B (Bexsero) permet une diminution de l’infection à gonocoque de 22%, sans effet significatif (p = 0,061). Dans cette étude, la DoxyPEP n'a eu aucun impact sur la sensibilité du gonocoque à la ceftriaxone, à la ciprofloxacine et à l'azithromycine. Cependant, des souches de gonocoque résistantes à haut niveau à la tétracycline ont été retrouvées de manière plus importante dans le groupe DoxyPEP (p=0,043), ainsi qu’un cluster avec une diminution de la sensibilité au céfixime. 

La surveillance de l'émergence d'isolats résistants aux céphalosporines de 3ème génération reste primordiale.