La crise liée à la pandémie de COVID-19 a fait émerger un besoin criant et une demande forte tant des professionnels de santé et de l’éducation, que des parents et des jeunes, en matière de prévention, d’accompagnement et de prise en charge de l’altération du bien-être chez les enfants et les jeunes. Par ailleurs, la surveillance réalisée par Santé publique France auprès des services d’urgences hospitalières pendant la crise sanitaire a confirmé un plus grand nombre d’admissions des enfants et adolescents pour des troubles psychologiques.
C’est dans ce contexte que le Président de la République a annoncé au printemps 2021 le lancement d'une étude nationale sur le bien-être des enfants. L’étude est d’abord mise en place chez les enfants de moins de 11 ans, pour lesquels les données sur le sujet sont manquantes ou très parcellaires. Elle viendra ainsi compléter les dispositifs de surveillance épidémiologiques existants chez les adolescents et jeunes adultes (EnCLASS, i-Share…).
Les résultats de l’étude Enabee ont pour perspective :
- D’acquérir des connaissances scientifiques nouvelles sur le sujet et combler un manque de données
- De produire des résultats utiles pour l’amélioration d’améliorer les politiques publiques en matière de prévention et de prise en charge, et in fine d’offrir un cadre de vie et un environnement propice à l’épanouissement des enfants, jusqu’à leur vie d’adulte.
Un besoin souligné, en novembre 2021, par la défenseure des droits Claire Hédon dans son rapport annuel consacré aux droits de l’enfant : Santé mentale des enfants : le droit au bien-être « La santé mentale des plus jeunes ne doit plus être un tabou ».
Cette étude s’inscrit également dans un programme de travail beaucoup plus large autour de la santé mentale, un axe prioritaire de Santé publique France qui s’est intensifié avec l’apparition de la COVID-19. Pour rappel, les premiers travaux ont débuté dès le 1er confinement (étude COVIPREV santé mentale, étude Conféado), se sont enrichis avec la publication mensuelle de bulletins dédiés à la « Santé mentale » et du lancement de la campagne de prévention à destination des adultes avec un focus sur les adolescents.
La santé mentale des adolescents est un fil rouge de l’année 2022 (campagne #JenParleA).
Objectifs
Cette étude sur le bien-être des enfants a vocation à être répétée à intervalles réguliers. Elle permettra de mesurer, décrire les différentes dimensions du bien-être et des difficultés rencontrées, et d’identifier les circonstance, déterminants, et impacts sur la qualité de vie des enfants.
L’étude permettra de produire régulièrement des indicateurs de santé chez les enfants de 3 à 11 ans en France métropolitaine et dans les DROM afin :
- d’estimer le niveau de bien-être des enfants ;
- d’estimer la prévalence (nombre d’enfants concernés) des différentes difficultés rencontrées (troubles de l’humeur, anxiétés, phobies, émotions, troubles des apprentissages) ;
- de décrire les facteurs de risque et facteurs protecteurs associés, y compris les déterminants sociaux ;
- d’évaluer le retentissement de ces difficultés sur d’autres domaines en lien avec la santé.
Cette étude permettra d’accompagner les pouvoirs publics dans la mise en œuvre de stratégies de prévention et de prise en charge des enfants.
Ce que l’étude n’est pas
L’étude ne réalise pas de diagnostic individuel.
Les outils de mesure des questionnaires, scientifiquement validés, ne permettent pas de réaliser de diagnostics médicaux individuels. Ainsi, il n’est pas prévu de faire un retour individuel et systématique aux enfants ou adultes interrogés.
Néanmoins, si les réponses de certains enfants semblent indiquer des fragilités importantes dans leur équilibre émotionnel, l’information sera transmise à la santé scolaire qui pourra la vérifier.
L’étude n’est pas un moyen de repérer des profils d’enfants dès la petite enfance.
Les données sont pseudonymisées, évitant tout moyen de repérer les enfants lors des analyses et des communications qui seront faites. Il s’agit d’une étude transversale, les enfants ne seront interrogés qu’une seule fois (enfants différents lors des éditions suivantes). Nous suivrons ensuite uniquement les consommations médicales, si les parents l'acceptent.
L’étude n’est pas une étude sur le bien-être des enfants dans le cadre scolaire.
Le champ d’investigation du bien-être dans l’étude Enabee porte sur l’ensemble de l’environnement de l’enfant : la famille, l’école, les activités extra-scolaires… Aucune analyse ne sera menée par école. Elle est complémentaire aux enquêtes nationales de climat scolaire par exemple mises en place par l’Education nationale.
L’étude n’est pas une étude sur les pratiques d’apprentissage scolaire.
L’Identifiant National Elève (numéro INE) n’est pas collecté.
Aucun appariement ne sera fait entre les résultats de l’étude Enabee et les données d’évaluation des compétences scolaires des enfants, déclarées par l’enseignant dans les évaluations nationales réalisées par l’Education Nationale en CP et CE1.
Pour en savoir plus : consultez la rubrique questions-réponses sur enabee.fr
Population étudiée
L’étude inclut les enfants scolarisés dans l’enseignement du premier degré (de la petite section de maternelle au CM2), au sein d'établissements publics et privés sous contrat avec l’Etat, en France métropolitaine pour cette première édition. Les problèmes de santé mentale plus spécifiques, comme certains troubles du développement intellectuel ou les troubles du spectre de l’autisme sont exclus du champ d’investigation de l’étude. Ils sont étudiés par d’autres systèmes d’informations qui permettent déjà de préciser les besoins de soins et de mieux comprendre les mécanismes en cause dans la survenue de ces troubles.
Déroulement de l'étude
Des écoles, puis des classes sont tirées au sort à partir de la base de sondage DIAPRE (Données Individuelles Anonymes du Premier Degré de l’Education Nationale). Si la classe est tirée au sort alors l’ensemble des élèves seront invités à participer.
Pour une évaluation au plus juste du bien-être des enfants et des facteurs pouvant l’affecter, l’étude se base sur les réponses du trépied « Enfant », « Parents » et « Enseignant ».
- Les enfants des classes du CP au CM2 participent à une session en classe, encadrée par des enquêteurs habilités et formés. Leur questionnaire interactif porte sur leur bien-être, leurs réactions face à certaines situations, leurs éventuelles angoisses, leurs relations avec les autres enfants… L’enseignant remplit également un court questionnaire portant sur sa perception des forces et difficultés de chacun des enfants participant à l’étude ainsi que sur certains de leurs apprentissages. Enfin, un parent, ou adulte vivant au quotidien avec l’enfant est invité à remplir par Internet ou téléphone, un questionnaire portant sur sa santé et celle de son enfant, son mode de vie (activités extrascolaires par exemple), son environnement familial (frères/sœurs..),sa perception de la pandémie de COVID… .
- Pour les enfants en maternelle, seuls les parents et les enseignants sont interrogés.
Résultats de l'étude
Basée sur un échantillon représentatif d’enfants scolarisés en France hexagonale de plus de 2 600 enfants, en combinant les points de vue des parents et des enseignants, l’étude révèle que 8,3% des enfants de 3 à 6 ans présentent au moins un type de difficultés probables de santé mentale ayant un retentissement sur leur vie quotidienne.
Ces résultats confirment qu’il faut dès la petite enfance - période critique du développement des enfants - renforcer les compétences psychosociales qui seront des leviers à mobiliser au bénéfice de la santé mentale. Cet objectif fait partie de la stratégie nationale multisectorielle de développement des compétences psychosociales de tous les enfants et jeunes lancée en 2022.
Dans le détail :
- 1,8% présentent des difficultés émotionnelles
- 5,9% présentent des difficultés oppositionnelles
- 1,9% présentent des difficultés d’inattention/hyperactivité
- Les garçons présentent plus de difficultés probables avec retentissement sur leur vie que les filles (11,3% versus 5,2% respectivement)
- Près de 13% des enfants scolarisés en maternelle ont consulté au moins une fois un professionnel de santé, au cours des douze mois précédant l’étude, pour des difficultés psychologiques ou d’apprentissage
- Environ un tiers des enfants qui présentent au moins un type de difficultés probables avec un retentissement sur leur vie quotidienne a consulté un professionnel de santé mentale au cours de l’année précédente
- Le niveau de bien-être des enfants, tel qu’estimé par les parents, peut être considéré comme bon, aussi bien pour les filles que pour les garçons
En savoir plus sur les résultats
Encadrement réglementaire et droits sur les données
L’étude a obtenu :
- L’avis favorable du Comité éthique et scientifique pour les recherches, les études et les évaluations dans le domaine de la santé (CESREES) (décision du 14/10/21)
- L’autorisation de la Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés (CNIL) (décision DR-2022-009 du 07/01/22)
- L’avis favorable du Conseil national de l'information statistique (CNIS)
- L’avis de conformité et le label d’intérêt général et de qualité statistique, attribué par le Comité du label par délégation du Président du Cnis.
L’étude Enabee ne revêt pas de caractère obligatoire et le refus de participation est sans conséquence sur les relations avec les participants et l’Education nationale. Conformément aux articles 49 et suivants de la loi n°78-17 du 6 janvier 1978 relative à l’informatique, aux fichiers et aux libertés, les participants disposent d’un droit d’accès, de rectification et d’effacement de leurs données et d’un droit d’opposition et de limitation de leur traitement.
Calendrier de lancement de l'enquête
L’étude est mise en œuvre dès 2022. Un pilote de l’étude s’est tenu au mois de janvier dans une vingtaine d’établissements de 4 départements des académies de Tours-Orléans et de Créteil. Le déploiement de l’étude en France métropolitaine se déroule en mai-juin 2022.
La déclinaison de l’étude Enabee dans les DROM est prévue dans un second temps. De nouvelles éditions à 2 ou 3 ans d’intervalle permettront de suivre l’évolution en post-crise sanitaire liée à la COVID-19 sur l’ensemble des classes d’âge considérées.
Dans une perspective à long terme, la fréquence sera rediscutée et devra tenir compte des objectifs, de la faisabilité, des synergies avec les dispositifs existants.
Deux instances de gouvernance
L’élaboration, la mise en œuvre et les analyses des résultats de cette étude s’appuie sur deux instances de gouvernance.
Un comité scientifique
Ce comité a pour mission de préciser les objectifs, le cadre méthodologique, et la synergie avec les études existantes. Il est composé de pédopsychiatres, psychologues, médecins et spécialistes du développement de l’enfant, des troubles des apprentissages, épidémiologistes, statisticiens, spécialistes des sciences de l’éducation et des sciences sociales.
Listes des membres
- ALBERTI Corinne / biographie
- CACHIA Arnaud / biographie
- DELORME Richard / biographie
- DES PORTES DE LA FOSSE Vincent
- DE STEFANO Carla / biographie
- GALERA Cédric / biographie
- GAUGUE Justine
- GODEAU Emmanuelle / biographie
- GRAS-LE GUEN Christèle / biographie
- HAAG Pascale / biographie
- HENCKES Nicolas / biographie
- HURON Caroline / biographie
- LAZIMI Gilles / biographie
- MELCHIOR Maria / biographie
- OUI Anne
- OPPENCHAIM Nicolas / biographie
- RAMUS Franck / biographie
- SHANKLAND Rebecca / biographie
- THIERRY Xavier / biographie
Un comité de pilotage
Ce comité s’assure de la cohérence des objectifs de l’enquête avec les attendus pour l’aide à la décision des politiques publiques en matière de prévention, et de prise en charge des enfants et des jeunes. Il veille également à la bonne réalisation de l’étude.
Il est coordonné par Santé publique France et est composé notamment de représentants de Santé publique France, de la Direction générale de l'enseignement scolaire, de la Direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance, de la Direction Générale de la Santé, de la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques, ainsi qu’une représentation de la société civile, en particulier les associations de parents d’élèves et des représentants des enseignants.
Mise en place d'une démarche de concertation
Santé publique France associe à ce projet les parties prenantes de la santé, de l’éducation et de la famille, dans le triple objectif de :
- Réaliser l’enquête dans les meilleures conditions.
- Partager les résultats, et échanger sur les préconisations qui pourraient en découler en matière d’accompagnement, de prévention et de prise en charge de la santé mentale des enfants.
- Améliorer le dispositif d’étude en vue de sa reconduction à fréquence régulière.
3 niveaux de concertation sont prévus :
- La conception de l’étude est engagée par l’intervention d’un comité de pilotage et le comité scientifique (lien paragraphe précédent).
- Les conditions de déroulement et de réussite de l’enquête sont élaborées et discutées avec le concours d’un groupe de concertation sollicité, regroupant les principaux représentants d’acteurs des domaines de la santé (Afpen, API, SFPEADA, CNGE, Ascomed, SNIES-UNSA Education, SNICS-FSU, de l’éducation nationale (SNMSU-UNSA Education, SNALC, SNUipp-FSU, Sgen-CFDT, CGT éduc, SNE), et de la famille (HCFEA, UNAF, Unaape, APEEL, et PEEP).
- Les résultats de l’étude seront partagés avec l’ensemble des acteurs de la concertation qui le souhaiteront, pour échanger sur les perspectives d’amélioration des politiques publiques en matière de prévention et prise en charge.